Le recrutement élitiste du Quai d'Orsay nuit à l'efficacité de la diplomatie française
La diplomatie française serait-elle en retard d'une guerre, incapable de penser le monde moderne et rétive à l'idée même d'efficacité ? La réponse est malheureusement positive si l'on en croit le très sévère constat dressé par la Fondation iFRAP qui analyse les politiques publiques de la France.
Selon une note publiée en 2007, la diplomatie française ne soutient pas la comparaison avec les ONG qui, aux yeux de l'auteur Nicolas Lecaussin, sont des modèles d'efficacité. La faute au recrutement qui prévaut au Quai d'Orsay : "Tout le monde s’accorde pour reconnaître les talents de négociateurs de
nos diplomates français. Brillants, cultivés et compétents, ils sont
cependant, aux dires de certains, hors de leur temps, cristallisés dans
une époque révolue (...) La France étant férue d‘élitisme, tous ses diplomates sont estampillés
"made in ENA". Le niveau, certes excellent de cette école ne parvient
pas à masquer le fait que les diplomates sont ainsi formés à l’école de
la pensée unique, et déconnectés de la réalité."
En comparaison, le Foreign Office britannique est accessible sur concours à tout détenteur d'un diplôme du troisième cycle sans obligation d'être passé par une école spécifique. Aux Etats-Unis, le State Department "ouvre son concours à toutes les personnes de 25 à 55 ans, pourvu
qu’elles soient dotées d’une bonne expérience professionnelle dans un
autre domaine".
L'iPFRAP critique également la gestion de la diplomatie culturelle de la France et dénonce le taux de rotation trop rapide des responsables de centres et instituts culturels français à l'étranger : un mandat de deux ans éventuellement renouvelable alors que les directeurs des Goethe Institut allemand ou British Council peuvent rester en place dix ans...
Au-delà du constat, l'iFRAP préconise un certain nombre de recommandations : privilégier la qualité sur la quantité, rationaliser les ressources, coller au plus près des réalités du terrain, faire "un travail sur l'image et le recrutement"...
Source :
- La diplomatie française, un rayonnement très couteux (Fondation iFRAP)
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