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Casus Belli
6 novembre 2012

Défense, diplomatie, influence... Un entretien avec le Général Bentegeat


5 etoLa revue électronique du Centre d'Histoire de Sciences Po propose dans sa livraison septembre-décembre 2012 un très intéressant entretien du Général Henri Bentegeat, ancien Chef d'Etat-major des armées françaises. L'occasion de saisir la richesse d'une carrière commencée dans les années 1960 dans "une armée en crise" à la suite des guerres coloniales, et poursuivie jusqu'au plus haut niveau de l'institution militaire.

De sa formation à la prestigieuse école de Saint-Cyr Coëtquidan, le Général Bentegeat reconnaît ne pas garder un très bon souvenir : "on nous préparait encore à la guerre comme si le départ était imminent. Il y avait un décalage par rapport à la réalité auquel on ne pouvait pas ne pas être sensible, enfin en tout cas je l’étais. Je trouvais que la discipline y était très formelle et mal comprise, les activités souvent inintéressantes et médiocres, donc je garde un mauvais souvenir de ces débuts..."

Aveu surprenant, il remarque à propos de Mai 68 : "si j’avais été à la fac à ce moment-là, j’aurais été parmi les gens qui brandissaient des drapeaux rouges ! Je me suis trouvé de l’autre côté, presque par hasard, mais notre génération vivait très fortement un engagement permanent, politique, social et culturel… Ce que proclamait Sartre à l’époque était fortement ressenti dans toute la jeunesse."

Le parcours du Général Bentegeat l'a mené au plus près du pouvoir politique lorsqu'entre 1993 et 1996 il fut adjoint au Chef d'Etat-major de la Présidence de la République auprès de François Mitterrand puis de Jacques Chirac. Entre les deux présidents "les points communs sont évidents pour tout le monde. D’abord il y avait, chez l’un comme chez l’autre, un souci fondamental, évident, du rôle de la France dans le monde, de sa capacité d’influence." Le Général souligne également le patriotisme qui animait les deux hommes. Suivent des descriptions inédites de la conduite des affaires stratégiques et d ela prise de décision à l'Elysée au milieu des années 1990.

On lira également avec intérêt le retour d'expérience de son poste d'attaché à la Défense adjoint à l'ambassade de France à Washington en 1990. S'agit-il d'un poste diplomatique ou d'un poste militaire demandent les deux auteures de l'entretien : "Il y a beaucoup d’ambiguïtés. La partie la plus « claire » pour tout le monde, quand on est attaché militaire, c’est la mission de renseignement : on doit renseigner le ministre et le chef d’état-major des armées, ce sont les deux « clients » principaux des attachés de défense, sur ce qui se passe dans la sphère militaire du pays d’affectation, anticiper les choix qui seront faits, etc. (...) Et puis il y a un autre métier qui est effectivement à la limite de la diplomatie, et qui m’a été fort utile après, qui consiste à analyser, à travers les aspects militaires, les choix de politique étrangère qui sont faits. On ne peut pas l’éviter parce que le diplomatique et le militaire sont totalement imbriqués".

 

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