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Casus Belli
19 janvier 2011

Le roman, un gisement de signaux faibles sous-estimé par le monde du renseignement

lapierre_collinsOn se souvient du célèbre film de Sydney Pollack, Les trois jours du condor, dans lequel Robert Redford jouait le rôle d'un officier de la CIA chargé de lire toute la production littéraire mondiale afin d'y déceler d'éventuels signaux faibles susceptibles d'intéresser le gouvernement états-unien. Le corpus de veille de cet officier était sans limite : essais géopolitiques, revues  anodines destinées au grand public, romans... Les romans, justement, seraient-ils mieux informés que les analyses produites par les services de renseignement ? L'anticipation romanesque dépasserait-elle en pertinence les études rigoureuses des chercheurs en relations internationales ? C'est en tout cas la thèse de Jean-Jacques Roche (université Panthéon-Assas, Paris 2) qui, dans un article publié par Les cahiers de la sécurité, s'intéresse à la vista des romanciers en matière de renseignement.
En 2007, le roman The reluctant fondamentalist décrivait la dérive d'un Pakistanais parfaitement intégré aux Etats-Unis vers la nébuleuse terroriste islamiste. Trois ans plus tard, le 1er mai 2010, le Commandant Nidal Hassan massacrait treize personnes sur une base militaire du Texas... "A l'évidence, le romancier avait anticipé ce que les services spécialisés n'avaient pas vu venir" souligne Jean-Jacques Roche.
Ce dernier recense d'autres romans dotés des mêmes capacités d'anticipation : Le cinquième cavalier de Dominique Lapierre et Larry Collins qui dépeint les procédés utilisés par un Etat proliférant afin de déjouer les contrôles de l'Agence internationale de l'énergie atomique ; Sur Ordre, de Tom Clancy, publié avant les attentats du 11 septembre 2001, relate l'action d'un kamikaze japonais qui précipite un avion sur le Capitole ; Les cercles de l'enfer, de Maud Tabachnik, raconte les menées subversives d'un milliardaire islamiste au sein des démocraties occidentales... On ajoutera à cette liste le remarquable Citoyens clandestins (auteur : DOA) publié en 2007 qui relate les actions anti-terroristes menées par les services de renseignement français et leurs structures parallèles...
Si le genre romanesque permet d'atteindre un certain niveau de vérité, c'est que le romancier n'est tenu par aucune obligation de réserve et qu'il a toute latitude pour penser l'impensable. Jean-Jacques Roche s'interroge : "pourquoi des romanciers ayant démontré leurs capacités à prédire avec précision un avenir plus ou moins lointain, n'ont-ils pas leur place dans les cénacles de la prévision ? Pourquoi une méthode d'anticipation ayant fait ses preuves ne bénéficie-t-elle pas d'une reconnaissance à la hauteur de ses résultats ?".

Source :


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Commentaires
I
Sur le pouvoir de la dramaturgie (potentiellement façon storytelling), trois scénarios proches de l'intelligence économique et de son versant militaire (et films ou séries associés) méritent également le détour :<br /> Charlie Wilson's war : http://www.imdb.com/title/tt0472062/<br /> Nom de code DP : http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/19240/Nom-de-code-DP.html<br /> Les patriotes : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=10119.html
Z
Merci pour cette analyse très intéressante une fois de plus.
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