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Casus Belli
26 octobre 2011

Le livre, outil clandestin la guerre froide culturelle

livreA partir de 1956, le camp occidental envoya clandestinement des dizaines de milliers de livres, tracts et brochures derrière le rideau de fer afin de briser la censure communiste. Tous les moyens étaient bons pour déjouer la surveillance des services de renseignement de l'Est : parachutage, dissimulation dans des courriers anodins, dépôt et lancement de tracts... L'une des oeuvres les plus diffusées fut bien sûr La ferme des animaux de George Orwell suivies de la Bible et de textes politiques.

Ce passionnant épisode de la guerre froide culturelle est analysé par la dernière livraison de la revue électronique du Centre d'Histoire de Sciences Po. Selon Ioana Popa, le livre fut en effet utilisé comme instrument de la guerre froide culturelle : "La circulation internationale de l’écrit est associée à l’idée de confrontation, mais aussi d’expansion ou d’infiltration du camp adverse". C'est sous l'autorité du Free Europe Committee, une structure financée par la CIA, que ces actions offensives furent lancées. Objectif : "viser non pas un public d’emblée pressenti comme anticommuniste, mais des élites intellectuelles réformatrices, en leur offrant une information alternative à celle dont elles disposent de manière officielle dans leur pays".

Au cours des longues années pendant lesquelles cette guerre froide culturelle se déroula, les pays occidentaux modifièrent le choix de la production littéraire qui était envoyée à l'Est. Alors que dans un premier temps les ouvrages expédiés étaient de nature politique, le Free Europe Committe se mit à livrer des livres d'art et des anthologies de poésie : "Le choix est désormais différent : il consiste à parier aussi, voire surtout, sur des livres « a-politiques », qui n’ont pas une visée anticommuniste explicite".

De son côté, le monde communiste répliquera en mettant en place une politique de traduction de sa propre production intellectuelle afin de l'exporter vers les pays d'Europe de l'Ouest. Mais le soft power communiste, flamboyant jusqu'aux années 1960, connaîtra une débâcle totale et s'épuisera jusqu'à l'effondrement du Mur de Berlin en 1989.


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