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Casus Belli
1 juin 2011

Le renseignement : délaissé par Mitterrand, choyé par Rocard

rocardLa scène se passe au printemps de 1989, dans les salons de l'Elysée. Le Président de la République, François Mitterrand, est occupé à signer d'une main lasse les pages d'un parapheur. Face à lui, son Premier ministre Michel Rocard. Ce dernier prend son courage à deux mains et l'interrompt : "Monsieur le président de la République, puisqu'il nous reste un instant, je voudrais aborder un autre sujet (...) Il y a un domaine où je trouve notre activité nationale mal conduite et l'efficacité de nos services bien insuffisante. C'est le renseignement". Réponse de François Mitterrand : "Ah... Mon grand échec ! Ca marche très mal. j'ai tout essayé, j'ai beaucoup changé les hommes, rien n'y fait".

Ces échanges, tirés du dernier ouvrage de Michel Rocard (Si ça vous amuse, Flammarion), illustrent la méfiance que le monde du renseignement inspirait à l'ancien président. Par ricochet, ils montrent également que Michel Rocard fut l'un des premiers ministres les plus intéressés par les services spéciaux. Soucieux du travail de la DGSE, des ex RG et de l'ex DST, Michel Rocard soumet au président quelques idées : "je voudrais vous suggérer qu'il s'agit beaucoup moins d'une histoire d'hommes que de structures et de procédures. De Gaulle en 1972 (sic) avait transformé le système, il ne s'est rien passé depuis..."

La discussion entre les deux hommes dure une quinzaine de minutes et François Mitterrand apprécie très moyennement de voir son Premier ministre prendre l'initiative sur un sujet touchant à la politique étrangère de la France, pré-carré traditionnel de l'Elysée. Pourtant François Mitterrand et Michel Rocard se rejoignent sur un inquiétant constat : "ça marche en effet très mal dans le renseignement français écrit Michel Rocard ; le président le sait, il découvre que je l'ai découvert aussi".

François Mitterrand finira par lâcher : "si vous avez des idées en cours, occupez-vous en donc. Mais si vous vous plantez, je me souviendrai que ce n'est pas moi qui vous l'ai demandé".

Vingt ans plus tard, Michel Rocard note : "cette réforme importante et réussie dans laquelle je me suis ainsi engagé, qui m' avalu je crois un vrai respect des professionnels concernés, mais qui restera naturellement, vu son objet, hélas, totalement inconnue de l'opinion publique".

 

Source :

 

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A
Sans être favorable ni à ce qu'est le personnage ni à ce qu'il représente, il faut reconnaitre honnêtement que M. Rocard n'a pas fait de mal aux Services spéciaux du gouvernement français. <br /> <br /> Mais je souhaiterais souligner une chose. Lorsque Rocard déclare à Mitterrand : "je voudrais vous suggérer qu'il s'agit beaucoup moins d'une histoire d'hommes que de structures et de procédures", il a évidemment raison. <br /> <br /> Seulement, lorsqu'il déclare "il y a un domaine où je trouve notre activité nationale mal conduite et l'efficacité de nos services bien insuffisante. C'est le renseignement", il a tort ; tort à travers l'emploi du mot "renseignement" pour désigner l'objet qui va mal. <br /> <br /> Ce qui allait (et continue d'aller un peu moins) mal, est effectivement un problème de structure et de procédure, mais ce problème provient précisément du pseudo concept "renseignement". <br /> <br /> Un problème non résolu est un problème mal formulé. Le problème est que le problème n'a jamais (ou très peu, et seulement en économie grâce à l'E.G.E.) été correctement abordé, c'est à dire globalement, c'est à dire par le concept d'Intelligence qui place le renseignement comme une partie d'un tout et non comme le tout...<br /> <br /> Si le problème en France était posé en terme d'Intelligence et non de renseignement, je crois que le problème serait rapidement réglé, et s'il l'avait été, il l'aurait été depuis longtemps...<br /> <br /> Je poursuis ma réflexion afin de l'approfondir et de toucher peut-être l'essentiel : je remarque que des auteurs contre-révolutionnaires ont souvent posé la question du choix de la forme institutionnelle en termes d'intelligence : le système démocratico-électoralo-parlementaire peut-il être ou devenir intelligent ? N'y a-t-il pas une autre forme institutionnelle que celle de la république qui soit plus propice au bon fonctionnement de l'intelligence au sein de l'Etat et par conséquent au sein de la nation ?
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