Lutte d'influence entre le lobbying de la finance et les députés européens
On se souvient de la fameuse petite phrase du Général de Gaulle : "la politique de la France ne se fait pas à corbeille". C'était en 1966, une époque où les hommes politiques pouvaient encore imposer leurs vues aux marchés.
Aujourd'hui, les parlementaires les plus lucides savent que le rapport de force s'est inversé et qu'ils ont toutes les peines du monde à s'opposer au monde de la finance. La bataille de l'influence a été perdue au profit des officines en tous genres qui, en quelques années, ont su investir tous les lieux de pouvoir.
Forts de ce constat, plusieurs députés européens viennent de lancer une initiative destinée à créer un contre-pouvoir à l'emprise de la sphère financière sur la vie publique. Ce projet présente plusieurs facettes, toutes liées, d'une façon ou d'une autre, à la guerre de l'information : "Nous, élus européens en charge de
réglementer les marchés financiers et les banques, constatons tous les
jours la pression exercée par l'industrie financière et bancaire pour
influencer les lois qui la régissent".
Cet appel est adressé à "la société civile (ONGs, syndicats, universitaires, think-tanks...) [afin de] créer une (ou plusieurs) organisation non
gouvernementale capable(s) de développer une contre expertise sur les
activités menées sur les marchés financiers par les principaux
opérateurs (banques, compagnies d'assurances, hedge funds, etc…) et de
faire connaitre de manière efficace cette analyse aux medias."
Les signataires n'en sont pas moins conscients de leur faiblesse relative en termes d'influence et regrettent "l'asymétrie entre la puissance de ce lobbying et l'absence de
contre-expertise (...) Il n'existe donc pas aujourd'hui de contre-pouvoir suffisant dans la
société civile. Cette asymétrie constitue à nos yeux un danger pour la qualité des
lois, et pour la démocratie".
Un rapide coup d'oeil sur la liste des signataires fait apparaître une sur-représentation du courant écologiste et des partis de gauche alors que l'appel vise à rassembler des "élus issus de plusieurs familles politiques".
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