Les dictateurs ont des goûts de chiottes
Kitsch : "Mot allemand signifiant "poubelle". Style pseudo-artistique de mauvais goût fondé sur l'utilisation outrancière d'éléments démodés". La définition proposée par Média-Dico est sévère mais correspond à la réalité en particulier dans l'imagerie politique où les tyrans de tous poils semblent ne jurer que par le gigantisme. Le Wall Street Journal s'est amusé à recenser quelques unes des réalisations architecturales les plus kitsch. On ne sera donc pas surpris d'y trouver les colossales constructions qui ont vu le jour sous Staline, Saddam Hussein ou Kim Jong Il. On pourrait y ajouter les audacieuses statues à l'effigie de feu Turkmenbashy qui illuminent Achgabat la capitale du Turkmenistan (photo).
Selon le Wall Street Journal, "le kitsch totalitaire est né en Union soviétique en 1934 lorsque le premier congrès des écrivains communistes a ratifié les principes de ce qui devint le Réalisme Socialiste (...) Sous Staline, le parti communiste décréta que l'art devait servir la cause de la révolution, et que cela ne se ferait qu'avec une imagerie facilement et universellement compréhensible".
Le kitsch totalitaire réserve un traitement particulier aux femmes qui diffère selon les pays : l'Union soviétique et la Chine les montrait volontiers ardentes au travail et soulevant les mêmes charges que les hommes ; en Corée du Nord, au contraire, les femmes n'apparaissent jamais en train de travailler mais toujours maquillées et bien habillées : "cela provient du néo-confucianisme coréen qui est traditionnellement machiste".
Source :
- Why dictators love kitsch (The Wall Street Journal)
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