Les think tanks, victimes collatérales de la crise économique
Les think tanks états-uniens sont souvent apparus aux yeux du monde entier comme des modèles à suivre. La qualité de leurs travaux, leur influence et leurs modes de financement étaient souvent cités en exemple de ce côté-ci de l'Atlantique. La crise économique qui touche les Etats-Unis pourrait bien porter un coup terrible à ce modèle. Une note publiée par l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) souligne que le financement des think tanks, qui repose essentiellement sur le secteur privé, est sérieusement remis en question : "Depuis le début de la crise, les fondations, les entreprises et les
donateurs philanthropiques qui faisaient vivre les think tanks sont
devenus beaucoup moins généreux. Dans cette situation, des mesures
commencent à être prises : réduction de personnel, suppression ou
report de programmes, prudence à investir dans de nouveaux projets à
moins qu'ils soient entièrement financés."
L'auteur de la note, Charlotte Lepri, dresse un constat peu enviable des think tanks conservateurs, particulièrement affectés par la réduction des financements privés : " l'American Enterprise Institute, très influent sous
l'administration Bush et principalement financé par des donations en
provenance du secteur privé, a dû abandonner ou réduire le budget de
certaines prestigieuses activités et manifestations. L'AIE
a également supprimé certaines dépenses, comme l'impression et l'envoi
en version papier de certains de leurs rapports. Plusieurs chercheurs
ont également quitté l'institut."
Les think tanks devront donc réduire leur voilure mais la crise économique n'explique pas tout. Selon Charlotte Lepri, "les think tanks américains sont également peut-être victimes, plus
largement, d'une crise de confiance. Ceux qui ont notamment été proches
de l'administration Bush ont perdu en crédibilité, en donnant l'image
d'experts bien souvent trop politiques, trop influents (...) L'expérience néoconservatrice, si elle
n'a pas concerné la majorité des think tanks, a toutefois eu un impact
négatif sur la crédibilité de ces derniers."
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