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Casus Belli
20 mai 2008

Mai 68 dans les archives diplomatiques françaises

mai_68_vu_de_l__trangerLa commémoration médiatique autour de 40ème anniversaire de mai 68 a donné lieu à une pénible et complaisante production éditoriale : plus de 80 livres sur les tables des libraires ! Parmi ces ouvrages, beaucoup de récits de jeteurs de pavés devenus anciens combattants... beaucoup de livres étriqués, repliés sur les seuls évènements français ("franchouillards" pour reprendre le vocabulaire de l'époque...) alors que de nombreux pays furent traversés par des manifestations similaires. On saluera donc la sortie du Mai 68 vu de l'étranger publié par les Editions du CNRS qui propose un ensemble de dépêches, notes et télégrammes envoyés par les postes diplomatiques français à l'étranger.
La publication de ces documents inédits présentent le très grand intérêt de saisir la perception des évènements français par le Pakistan, la Chine, les Etats-Unis, la Pologne, la Bolivie ou Cuba... Autant de visions complexes et méconnues qui valent d'être examinées. Ainsi, dans un télégramme du 30 mai 1968 en provenance de l'Ambassade de France en République fédérale d'Allemagne, l'attaché social du poste décrit "une période de surprise, voire de stupeur" face à la situation française. Depuis Washington, l'ambassadeur Charles Lucet estime que "les sentiments de l'opinion américaine à l'égard des évènements qui se déroulent actuellement en France sont complexes"... A La Havane, l'ambassadeur Henry Bayle fait part de ses rencontres avec des officiels cubains qui lui confient que "si elle arrivait au pouvoir, la gauche non communiste infléchirait dans un sens conservateur et pro-américain notre politique étrangère [celle de la France]". Une intuition saisissante que pourront méditer ceux qui, à l'époque, manifestaient sous des drapeaux cubains et qui, aujourd'hui, regardent vers Washington.
Pour passionnants qu'ils sont, ces témoignages doivent être ramenés à leur valeur réelle : écrits par des diplomates français, ils sont l'oeuvre de fonctionnaires qui doivent loyauté à l'Etat et au gouvernement. Leur analyse évoque souvent "le prestige du général de Gaulle". Dans une dépêche du 18 juillet 1968, c'est-à-dire après la victoire gaulliste aux élections législatives de juin 1968, l'ambassadeur de France en Bolivie Joseph Lambroschini rapporte un éditorial du quotidien El Diario  : "Le général de Gaulle a montré qu'il possédait toujours une vision extraordinaire de l'avenir et qu'il était toujours un grand conducteur de peuples."

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