Du football contemporain...
Il faut souhaiter que le talent de Zinedine Zidane passe à la postérité plutôt que son "coup de boule" diffusé en mondovision. Trois milliards de téléspectateurs auraient assisté en direct à l'agression du milieu de terrain français contre Marco Materazzi...
Qu'elles soient physiques ou verbales, les violences entre joueurs prennent des formes insidieuses et s'ajoutent à la montée en puissance d'autres fléaux propres au football contemporain : simulation, triche, mensonge, fourberie...
La comparaison avec la mythique demi-finale entre la France et l'Allemagne lors de la Coupe de Monde de 1982 en Espagne est très révélatrice des bouleversements individuels et collectifs qui ont affecté le football en l'espace de vingt-cinq ans. Quelques exemples puisés dans le match de 1982 :
- La rareté des scènes de simulation. Les joueurs se relevaient assez vite après des chocs parfois violents. La posture victimaire ne s'était pas encore imposée comme assurance d'obtenir une réparation (coup-franc, pénalty, expulsion de l'adversaire...). A l'image de la société moderne qui protège les victimes réelles ou prétendues, et leur accorde un statut bienveillant en forme de rente, les footballeurs contemporains ont vite compris l'intérêt de se faire passer pour des ayant-droits.
- Les décisions de l'arbitre étaient peu contestées.
- Les manifestations de joie du buteur étaient plus spontanées et moins cinématographiques. La société du spectacle n'avait pas cannibalisé des sportifs qui n'étaient pas encore mannequins.
- Le comportement des joueurs était beaucoup plus simple, loin de l'arrogance des rois du stade actuels. L'explosion des salaires et la complaisance médiatique sont passées par là...
- Liberté de ton du commentateur. A propos du joueur Horst Hrubesch que les Allemands avaient gentiment qualifié de "monstre" en raison de sa corpulence et de son visage ingrat, Thierry Roland qui n'est certes pas un poète n'hésitait pas à déclarer "Il est certain que Hrubesch, ça n'est pas Alain Delon...!"
Le football de 1982, délivré des tares actuelles, nous semblerait pourtant lent et fade : beaucoup moins d'investissement physique, plus lent, moins explosif, moins de pression sur le porteur du ballon, tribunes tristes et grises... sans oublier la possibilité pour un joueur de champ de passer le ballon au pied à son gardien qui avait le droit de s'en saisir à la main.
Le DVD du match France/Allemagne est distribué avec le livre de Pierre-Louis Basse : Séville 82 : France- Allemagne, le match du siècle.