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Casus Belli
27 février 2006

Le soft power, incontournable outil diplomatique

1586483064En 1990, le professeur de relations internationales Joseph Nye (Harvard University) écrivit un article retentissant consacré à la notion de soft power. Cet article fut à l'origine de plusieurs livres et d'une multitude d'articles, de commentaires et de colloques. Cette notion a rencontré un tel succès qu'un conférencier de géopolitique ne peut guère faire un exposé sans y faire référence.
Le soft power désigne la capacité pour un Etat "A" d'influencer le comportement d'un Etat "B" et d'amener l'Etat "B" à adopter le point de vue de l'Etat "A" par le biais de moyens culturels et/ou idéologiques. Il mobilise des ressources basées sur l'attractivité et la séduction incarnées par le modèle culturel de l'Etat "A". Le soft power complète le hard power qui désigne les moyens traditionnels de toute politique étrangère : l'armée, la diplomatie, les pressions économiques...
Seize ans plus tard, Joseph Nye revient sur cette notion dans un article intitulé Think again : soft power afin de  l'adapter et de "l'appliquer aux défis d'aujourd'hui."
Il estime que le soft power peut contribuer à la lutte contre le terrorisme : "Une guerre civile oppose au sein de l'islam une majorité de croyants modérés à une petite minorité qui veut contraindre les premiers à adopter une vision extrémiste et simplificatrice de la religion. Les Etats-Unis ne pourront pas gagner si les modérés ne sortent pas vainqueurs de cette guerre civile. (...) Il sera difficile de traiter ce problème si nous ne ne mettons pas en oeuvre une stratégie visant à gagner les coeurs et les esprits. Plus que jamais, le soft power se révèle nécessaire ."
Joseph Nye tient cependant à préciser : "Le soft power d'un Etat peut provenir de trois ressources : sa culture, ses valeurs politiques et sa politique étrangère. Considérons l'exemple de l'Iran : la musique occidentale et les vidéos sont frappées d'anathème par le gouvernement des mollah mais séduisent une bonne partie de la jeunesse à qui elles transmettent l'idée de liberté. La culture américaine produit du soft power parmi certains Iraniens, mais pas pour d'autres." Et d'ajouter que "certains objectifs ne peuvent être obtenus que par le hard power. L'inclination du dictateur nord-coréen Kim Jong Il pour le cinéma de Hollywood n'affectera probablement pas sa décision de développer des armes nucléaires."
Le célèbre professeur remarque également que l'administration Bush, en particulier lors du premier mandat (2001-2004), a négligé le soft power. Ainsi, le Secrétaire d'Etat à la Défense Donald H. Rumsfeld, interrogé en 2003 à ce propos fit cette réponse lapidaire : "Je ne sais pas ce que cela signifie". Trois ans plus tard, la dégradation de l'image des Etats-Unis dans le monde a conduit Donald Rumsfeld à changer son fusil d'épaule et à réfléchir aux nouvelles réalités à l'âge des médias :  "Certaines des batailles les plus cruciales ne se déroulent pas dans les montagnes d'Afghanistan ou dans les rues d'Irak, mais dans les salles de rédaction de New-York, Londres, Le Caire ou ailleurs."


En d'autres temps, la France a su créer un puissant et universel soft power dont elle a tiré un grand profit en termes d'image : le pays des droits de l'homme... Liberté, Egalité, Fraternité... Les formules ont fait le tour de monde, jusqu'au métro de Mexico qui affichait il y a quelques années la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en version française !

Ouvrages de Joseph Nye consacrés au soft power :


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