Facteurs religieux et relations internationales

Religioscope a eu la bonne idée de proposer le script d'un exposé intitulé "Facteurs religieux et relations internationales : une approche théopolitique" prononcé par l'historien Jean-François Mayer à l'occasion d'un cycle de conférences organisée par l'Université de Fribourg. Soucieux de dépasser la notion de choc des civilisation théorisé par Samuel P. Huntington, J.F. Mayer souligne qu'il existe de complexes interactions entre religion(s) et politique : les groupes religieux opèrent en fonction de leurs intérêts mais doivent prendre en compte les Etats car ceux-ci entendent contrôler leurs frontières et les croyances qui y cohabitent. Des phénomènes d'influence réciproque et d'instrumentalisation peuvent être observés en maints points de la planète : rôle de l'église catholique dans la lutte contre le communisme en Pologne, utilisation de l'église orthodoxe par la Russie, refoulement de l'émigration bangladeshie (musulmane) dans le Nord-Est de l'Inde par le gouvernement (hindou) de New Delhi soucieux de maintenir un équilibre politique et démographique... La question du prosélytisme mérite également d'être abordée car elle entraîne des tensions en Turquie par exemple où les missionnaires chrétiens sont perçus comme des agents impérialistes. A l'avenir, le prosélytisme catholique en Chine pourrait bien surgir comme point de tension car l'un des objectifs du pape Benoît XVI est d'établir des relations diplomatiques avec l'Empire du Milieu. La Chine est, avec le Vietnam et l'Arabie saoudite, l'un des rares Etats qui n'entretient pas de liens diplomatiques avec Le Vatican. Mais elle est également un considérable vivier de croyants potentiels... Comme le dit Jean-François Mayer, "les religions sont peut-être mortelles, mais elles sont plus durables que les Etats..."

Le texte de cette conférence est disponible ici (PDF, 370 Ko).